Assumer le rôle de premier béninois champion NBA, mettre des étoiles dans les yeux des jeunes et renouer avec son pays sont autant de missions qui attendaient Ian à sa venue au Bénin en Juin 2017. C’est en marge de son camp de basket qu’il a accepté de prendre le temps d’échanger avec moi sur sa vision du basket béninois, mais aussi sur son statut de role-player au sein de l’équipe. Sans transition, 9 questions à Ian Mahinmi, c’est parti!
💂 – Ca fait quoi d’être le 1er Béninois à avoir une bague ?
C’est symbolique mais l’impact est difficile à réaliser. Quand je suis arrivé au Bénin par exemple, je ne savais pas quoi attendre. Dès que je suis sorti de l’avion, dès que j’ai mis les pieds sur le sol, ça à été un accueil royal. Il y avait le maire, le président, la presse, tout le monde m’attendait. C’est à partir de ce moment que j’ai réalisé l’impact que ça avait d’être béninois et d’avoir gagné un titre.
C’est une fierté. Tout ce que je fais, je le fais parce que c’est mon pays, c’est ma famille. Dans ma vie, mon père, ma mère, mes frères, mes soeurs, constituent mes fondations. Je me bat pour eux. Ma famille d’abord […]. En tant que Béninois nous ne sommes pas nombreux mais nous avons tout de même quelques athlètes qui font des choses intéressantes. Si nous ne revenons pas faire des choses au pays, je ne vois pas qui le fera. Au bout d’un moment il faut prendre ses responsabilités. Cela fait aussi partie du leadership. Il ne s’agit pas non plus de le faire une fois et puis disparaitre ensuite.
💂 – Quelles sont tes ambitions pour le basket béninois ?
L’objectif c’est quand même que je devienne un ambassadeur du Bénin. Il faut officialiser les choses. Devenir clairement ambassadeur et aider le pays spécialement dans mon domaine: Le basket. On essaiera de faire tout ce qu’il est possible de faire. Que ce soit par des coups de fils, par mon réseau, ma présence… Bref, tout ce qu’il est possible de faire. C’est bien pour moi de venir commencer à développer ces relations. Le nouveau gouvernement en place à une très très belle idée globale et un beau projet sur le sportif. Moi j’adhère totalement. Nous avons 4 ans devant nous. Il faut essayer de pousser les choses pour que le bénin sorte la tête de l’eau. Nous avons des athlètes!
💂 – Qu’es ce que tu sais sur le Basket béninois ?
La plus grande fierté à retenir de l’actualité récente, c’est la nomination de Coach Brigitte TONON à la tête de l’équipe nationale masculine. C’est la 1ère femme coach d’une équipe masculine senior sur le continent africain.. et peut être au monde. De ce que je sais, je n’ai jamais vu ça! Je salue l’ouverture d’esprit. D’avoir fait ce geste, c’est quelque chose de fort pour moi. Nous sommes en 2017 maintenant. Il est temps d’ouvrir l’esprit des gens. Ce n’est pas une question de sexe, mais plutôt de compétences. En tout cas j’ai une surprise pour coach Tonon, il faut marquer le coup! C’est gravé dans l’histoire, le Bénin l’a fait en 1er.
💂 – As tu des contacts avec les autres basketteurs béninois ?
Spécialement Isabelle. Nous sommes proches. Nous sommes en contact toute l’année. D’ailleurs elle m’a envoyé un message à mon arrivée. Nous essaierons de revenir ensemble l’année prochaine. Après on dit ça, mais bon vous savez comment c’est. Cela dépendra des calendriers de chacun. Après il y a Mouph’ aussi. Entre béninois on se connais. Certes pas trop bien, mais on apprendra à mieux se connaitre avec le temps.
💂 – Ton temps de jeu comment es ce que tu le vis ?
Ce n’est pas une question de temps de jeu, c’est une question de victoire et de défaite.
A la fin de la journée, il n’y a que cette colonne qui compte. Si tu joues 40mn par match et que ton équipe est dernière 💩! Quand tu es sur le terrain, il faut juste être performant. Il faut aider son équipe à gagner. Quand on gagne, c’est tout le monde qui célèbre la victoire. Quand on perd, c’est tout le monde qui perd.
💂 – Tu assumes donc ton statut de role-player à 1000% !?
Mais bien sûr! Si il n’y a pas de role-players, il n’y a pas d’équipe. L’équipe c’est 12 joueurs en tenue, et 15 au total. Et on ne gagne que si chacun fait son job. Ca n’a pas d’importance pour moi. Je prend mon rôle, de role-player très au sérieux parce que je suis arrivé en NBA par la petite porte. Quand je suis arrivé à San Antonio, personne ne me connaissait, mais vraiment personne. J’étais le petit français qui arrive comme ça. Il va rester un an ou deux et puis il finira par repartir. Ca fait 10 ans maintenant. J’ai gravi les échelons. De rookie à sophomore. Puis je suis passé à un statut de role-player. A Dallas, nous avions remporté un titre en 2011. Là encore, on voit l’importance des role-players. Quand je suis rentré dans le jeu pendant les finales, j’ai apporté de l’énergie et ce fut ma petite pierre à l’édifice. Ensuite je suis parti à Indiana dans un rôle de role-player et je suis ensuite passé à un rôle de Starter. Actuellement je reviens en statut de rôle-player, mais avec le starter nous nous partageons les minutes.
Starter ou role-player ne veulent rien dire. Qu’es ce que tu fais quand tu es sur le terrain? C’est ca qui compte
💂 – Aujourd’hui nous connaissons la mentalité qui domine sur les playgrounds. Si tu ne score pas comme Westbrook, Curry, KD ou même Lebron, tu n’es personne. Dans une époque où les superstars sont plus que jamais mises en avant, Comment motiverais-tu un jeune joueur à assumer son statut de role-player?
Tout cela vient avec l’expérience. Au début c’est normal de vouloir être ambitieux. C’est normal de vouloir être une superstar, de vouloir être un scoreur. Il ne faut surtout pas enlever ça de la tête des jeunes. Plus t’es ambitieux et mieux c’est. Mais au bout d’un moment dans sa carrière, il faut se rendre compte de certaines choses. Tout le monde ne sera pas Steph’ Curry. Il faut revenir à la réalité. Tout cela vient avec l’expérience. Il faut savoir ce que toi tu fais de bien sur le terrain et assumer ses responsabilité ainsi que sa personne. Si t’es pas un shooteur à 3 points, t’es pas un shooter à 3 points. Mais ça veut pas dire pour autant que t’es pas bon. Si ta spécialité c’est la défense, c’est inutile de forcer en attaque. Moi j’arrive à un stade où je connais mon game. Je sais ce que je sais faire, je sais ce que je fais de moins bien et c’est comme ça que je joue. C’est comme ça qu’on se fait respecter et qu’on a un vrai rôle dans la ligue. Comme je disais, je suis rentré et personne ne me connaissait, aujourd’hui, 10 ans plus tard, tout le monde me connait. Petit a petit l’oiseau fait son nid.
💂 – Quelles sont les valeurs que la pratique du basket t’as apporté ?
C’est comme tous les sports collectifs. Tu apprends la vie en groupe. Tu apprends un certain comportement, mais aussi à adopter une éthique de travail. C’est ça qui différencie les joueurs moyens des grands joueurs. Les joueurs comme LBJ par exemple, tout le monde les voit sur le terrain, rentrer des shoots clutchs et autre, mais personne ne voit LBJ qui se lève tôt les matins pour taffer, ou encore LBJ dans les vestiaires qui parle à tout ses joueurs et ses coachs. C’est l’éthique de travail qui fait la constance, c’est elle qui fait progresser le joueur.
Dans la ligue, il y a des joueurs qui sont draftés très hauts, qui sont forts d’entrée de jeu mais après leur carrière elle dégringole. A l’inverse tu as des joueurs qui ne sont pas fort au début et ils évoluent d’années en années. Après tu as la grande majorité, des joueurs qui stagnent d’années en années car ils font le strict minimum. Il y a un choix à faire. les sports collectifs t’apprennent cela, à structurer ton travail et après tu te forges ta carrière. Ces valeurs peuvent se retranscrire dans la vie de tous les jours. Je suis père de famille et j’essaie de l’inculquer à mes enfants. Des fois je vais m’entrainer avec ma file de 5 ans tôt le matin. Elle s’assoit a coté et elle me voit travailler.
💂 – Quels conseils donnerais tu à un jeune qui rêve de devenir joueur NBA ou tout simplement joueur pro ?
Il n’y a pas de secret. Pour aller en NBA, c’est une question de travail, mais aussi d’opportunité. Pour être en NBA, on va te donner une opportunité. Des fois tu n’auras même pas cette chance. Lorsque l’on te donne une possibilité, il faut la saisir, il faut être prêt. La préparation, c’est tout ce qui t’amène à cette opportunité. Ce que je veux dire aux jeunes, c’est que la réussite ne vient que par le travail. Le travail, la détermination et la dédication. Si tu as ces valeurs, le jour ou l’opportunité se présentera tu sera prêt. Le travail que j’ai fait dans l’ombre, depuis tout petit, m’a permis de vaincre mes peurs le jour des essais aux USA. Quand je suis arrivé sur le terrain j’étais confiant. Je m’étais entrainé trop dur toutes ces années là. Donc je vais tout donner, et on verra ensuite. C’est comme cela que je me suis détaché. Le travail te forme, enlève toutes tes peurs. Depuis tout jeune je me disais que je serai basketteur pro, je ne m’imaginais pas aller en NBA.
Bonus de fin:
– Fast & Curious –
salut au rédacteur je viens de connaitre le site j’ai participé au camp en tant joueur et j’ai vraiment aimer, et ta rédaction est ooklm !!!
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Ian est super cool je l’ai côtoyé pendant le camp en tant que coach et franchement il inspire. Merci pour cette initiative, les ballons et les gadgets, les conseils et les bons moment avec les enfants. Quant au rédacteur vraiment chapeau pour le bon boulot.
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yeaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!!!!! i like it
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Ravi de te faire kiffer 👌 #BallIsLife
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très belle interview et très bon client. Définitivement du travail bien fait. Et c’est en professionnel que j’apprécie. Bravo
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Alors la.. tu as refait ma journée mdr! Merci ✊
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